Pour cette nouvelle exposition, Eric Kaiser reprend le travail de série qu’il avait déjà adopté avec Shelters présenté à la Pi Gallery de Kansas City en 2007. Avec les a-mensonges , il revisite son enfance et ses peurs, tout en rendant hommage aux écrivains et aux peintres qui l’autorisent à les surmonter.
« Les a-mensonges, les âmes en songe, les amants songent », le peintre aime jouer avec les mots autant qu’avec les images, avec les souvenirs autant qu’avec les figures tutélaires de son histoire personnelle, ici sources et moteurs du processus de création.
Diptyque, jeu de double « je ».
D’abord un « je » d’enfant. Ce jeu d’enfant est, dit-il, à la fois attirant et repoussant, attirant pour le regard du peintre qui s’attache aux formes et au potentiel plastique de l’objet, repoussant car il réactive la peur de rejet et d’exclusion née dans l’enfance.
La maison, espace symbolique de la sécurité primordiale pour l’homme, muée en cage dépourvue de toit, « sans toi et sans moi », se fige en un lieu déserté, expression d’une angoisse, qu’une peinture figurative peut rendre visible.
Et puis un « je » d’artiste. Ce jeu d’autoportraits et de masques-portraits portés par le peintre, présente une galerie de personnages, derrière lesquels il se découvre, se rassure. Sous la protection et la légitimité d’écrivains comme Didier Eribon, Edouard Louis, Yves Navarre, Jean Genêt ou celle des peintres au style figuratif et énigmatique comme Néo Rauch ou Michaël Borremans, il s’extirpe du « je » d’enfant, pour conquérir la cour des grands.
Mannick Gaudaré
Professeur d’histoire de l’art
à l’ENSA de Nancy.